Quand les idées reçues sur les grands millésimes volent en éclats
Sur le marché du vin, certaines idées semblent indiscutables. Parmi elles : les « grands » millésimes, ceux que l’on appelle on vintages, seraient les plus intéressants à acheter et à conserver, car synonymes d’excellence et de prestige. Pourtant, les données récentes du marché nous invitent à nuancer cette vision. Et à envisager avec plus d’attention ces années plus discrètes, souvent qualifiées de off vintages.
Qu’est-ce qu’un on vintage ou un off vintage ?
Un on vintage correspond à un millésime unanimement salué par la critique, fruit d’une année favorable sur le plan climatique, donnant des vins puissants, équilibrés, et aptes au vieillissement. C’est par exemple le cas des Bordeaux 2005, 2009, 2010 ou 2016.
À l’inverse, un off vintage est issu d’une année jugée moins homogène ou plus difficile, avec des conditions météo moins optimales. Ces millésimes sont souvent moins bien notés, moins recherchés… et donc moins chers à la sortie. On peut citer ici les 2007, 2012, 2013 ou plus récemment 2021.
Que nous dit réellement le marché ?
Un article publié en juillet 2025 par Sophia Gilmour, spécialiste du marché des vins fins, apporte un éclairage précieux : les off vintages ont parfois offert les meilleures performances en pourcentage depuis leur mise sur le marché.
👉 Par exemple, les 2007, 2012 et 2013 – pourtant peu encensés par la critique – ont connu une progression de prix supérieure à celle de certains millésimes plus prestigieux.
Pourquoi cette contre-performance des on vintages ?
Les on vintages sont souvent lancés à des prix élevés, portés par l’engouement médiatique et la spéculation autour des grandes années. Lors des corrections du marché, ces vins ont davantage souffert car ils avaient moins de marge de progression.
À l’inverse, les off vintages :
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ont été proposés à des prix de sortie réalistes ;
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ont moins chuté en période de crise ;
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ont parfois bénéficié d’une redécouverte qualitative avec le temps.
Ces millésimes n’ayant pas eu à « justifier » des prix excessifs, ils se sont montrés plus résilients.
Quelles opportunités aujourd’hui ?
Nous sommes aujourd’hui dans un marché d’acheteurs : les prix sont revenus à des niveaux proches de ceux d’avant-COVID, la liquidité est faible (bid:offer ratio à 0,13), et certains stockholders sont contraints de vendre.
Dans ce contexte, deux pistes se dessinent pour les investisseurs :
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Les grands millésimes matures (ex. : 2005, 2009) qui ont récemment atteint des points bas historiques et pourraient rebondir.
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Les millésimes sous-estimés, comme 2021, disponibles en abondance, à des prix faibles, mais avec des qualités structurelles intéressantes.
Le cas du millésime 2022, très bien noté mais déjà au sommet en termes de prix, mérite quant à lui une certaine prudence : son potentiel de revalorisation dépendra fortement de la demande internationale.
Conclusion : repenser les critères d’investissement
Chez Ovinia, nous croyons qu’investir dans le vin ne doit pas se limiter aux étiquettes les plus célèbres ou aux millésimes les plus mythiques. L’analyse des cycles de marché, des prix de sortie, de la liquidité et des scores critiques permet d’identifier des opportunités souvent invisibles au premier regard.
Dans un marché où la patience et la stratégie comptent plus que jamais, les off vintages méritent toute votre attention. Car parfois, c’est dans les années les plus discrètes que se cachent les plus belles surprises.