Un mois de mars en demi-teinte pour le marché des grands crus
Le mois de mars 2025 a été marqué par une activité contrastée sur le marché des vins fins, entre dynamisme des échanges et incertitudes politiques pesant sur les perspectives internationales, notamment aux États-Unis. À travers ce rapport mensuel d’avril, Ovinia vous propose une analyse détaillée des grandes tendances du marché, avec un focus sur l’investissement vin, l’évolution des indices Liv-ex, et les performances des régions emblématiques telles que Bordeaux et la Bourgogne.
Indices de prix : une baisse généralisée
En mars, les principaux indices du marché secondaire des vins ont enregistré une baisse. L’indice Liv-ex Fine Wine 100, référence incontournable du secteur, a reculé de 0,7 % pour clôturer à 321 points. De manière plus large, le Liv-ex Fine Wine 1000, qui suit l’évolution de 1 000 grands crus du monde entier, a perdu 0,1 %.
Parmi les sous-indices, l’Italy 100 a fait preuve de résilience avec une progression de 0,4 %. En revanche, l’indice Bordeaux 500, qui suit les dix derniers millésimes physiques de 50 des plus grands châteaux bordelais, a reculé de 0,5 %. Sur les 500 composants, 200 ont progressé, tandis que 234 ont baissé, incluant notamment neuf millésimes de La Mission Haut-Brion et du Château Lafite Rothschild, deux valeurs phares de l’investissement vin à Bordeaux.
Hausse des transactions, dynamique en Bourgogne
Malgré une baisse globale des prix, l’activité commerciale a connu un regain en mars. La valeur moyenne des transactions a bondi de 14,7 % par rapport à février, grâce à un net regain d’intérêt pour les grands vins de Bourgogne.
Le prix moyen d’une caisse de 12 bouteilles (12x75cl) de Bourgogne a augmenté de 9,8 % entre février et mars. La région a aussi enregistré une hausse de 24,2 % en volume d’échanges, entraînant une croissance de 39 % de la valeur totale du commerce de Bourgogne. Sa part de marché a ainsi atteint 25,1 % contre 19 % le mois précédent.
Cette dynamique souligne la confiance persistante des investisseurs dans les vins de Bourgogne, réputés pour leur rareté, leur finesse, et leur potentiel de valorisation sur le long terme.
L’effet des menaces de tarifs américains sur le marché du vin
L’annonce du 13 mars concernant de possibles droits de douane de 200 % sur les importations de vins européens aux États-Unis a considérablement perturbé le marché. En conséquence, la part des achats américains est tombée de 33,3 % en février à 21,3 % en mars, soit une chute de 35,5 % en valeur nominale.
Cette situation a engendré une réduction significative de l’exposition américaine, notamment sur les grands crus de Bordeaux, dont les offres ont chuté de 90,7 % entre le 2 et le 3 avril. En revanche, les acheteurs américains ont davantage maintenu leurs positions sur la Bourgogne et le Champagne, témoignant de leur attrait pour ces régions malgré l’incertitude douanière.
Sentiment du marché : un équilibre fragile
À la fin du mois de mars, le ratio bid/offer (offre vs demande) de l’indice Liv-ex 1000 s’établissait à 0,43, soit son plus haut niveau depuis janvier 2024. Cela traduit une demande encore soutenue, malgré un contexte incertain. La valeur totale des offres a reculé de 6,8 %, tandis que celle des demandes (bids) a progressé de 11,1 %.
Cependant, le marché reste vulnérable aux annonces politiques. L’effet des droits de douane américains, bien qu’atténué par une réduction temporaire à 10 % début avril, pèse fortement sur la confiance des acheteurs internationaux.
Quelles perspectives pour l’investissement vin ?
L’impact des fluctuations du marché américain sur l’investissement vin est majeur. En 2024, les acheteurs américains représentaient 35,5 % de la valeur totale des achats alors qu’ils ne constituaient que 11,7 % des participants. Ils ont notamment soutenu les prix des grands crus, contribuant à maintenir un certain équilibre dans un marché toujours affecté par une offre supérieure à la demande.
Plusieurs scénarios se dessinent pour les mois à venir :
1. Un recul prolongé des achats américains
Les stocks existants sur le sol américain pourraient suffire à alimenter le marché à court terme, mais certaines régions comme le Rhône, le Piémont et le Champagne pourraient être particulièrement exposées à une baisse de la demande.
2. Une pression à la baisse sur les prix
Le retrait temporaire des acheteurs américains pourrait entraîner une baisse supplémentaire des prix, ce qui, paradoxalement, pourrait compenser en partie l’effet des nouveaux droits de douane.
3. Un retour progressif des acheteurs
À moyen terme, les acheteurs reviendront inévitablement, notamment sur les références les plus recherchées. La sélection se portera probablement sur les marques les plus stables, les millésimes à forte demande, et les vins où une marge reste possible malgré les tarifs.
Le rôle des taux de change et du contexte macroéconomique
L’évolution du taux de change euro/dollar représente un facteur clé pour les mois à venir. Depuis le début du mois d’avril, le dollar s’est affaibli, rendant les importations européennes plus coûteuses pour les acheteurs américains. Si cette tendance se poursuit, elle pourrait accentuer la baisse des exportations vers les États-Unis.
Conclusion : vigilance et opportunités
Le mois de mars 2025 illustre parfaitement la complexité actuelle du marché des vins fins. Dans un climat marqué par l’incertitude géopolitique, les menaces de barrières douanières et les ajustements de prix, l’investissement vin reste un placement de long terme qui demande vigilance et discernement.
Chez Ovinia, nous continuons à surveiller attentivement l’évolution des marchés, afin de proposer à nos clients les grands crus de Bordeaux, les pépites de Bourgogne, et les meilleures opportunités d’investissement dans un contexte mouvant.